SOUVENIRS

Voilà tout ce qui reste quand on disparait : des souvenirs. Les miens ne sont pas nombreux : 2 poissons arroseurs (voir le billet "CADEAU" du 20 juillet 2010), 2 DVD ("La ligne verte" et "Rose Red"), 1 chope à bière en terre cuite, 1 vase en terre cuite (que j'ai cassé puis recollé comme j'ai pu - je m'en veux un peu), 1 livre ("La Malédiction d'Old Haven" de Fabrice Colin) et 1 BD (le tome 5 des "Rugbymen").

Ce n'est pas grand chose. Or ce qui est le plus important pour moi, ce n'est pas forcément ce que j'ai mais ce que je n'ai pas. Pas un seul bijou, genre bague ou chaine que je pourrais porter. Mais surtout, surtout : pas une seule photo. Il y a des gens qui n'aiment pas se faire photographier et elle en faisait parti. Et je n'ai pas le courage ou la volonté d'aller voir sa famille.

Bien sur, il reste tous les souvenirs emmagasinés dans mon esprit. Mais même là, j'ai comme un problème. C'est difficile à croire mais j'ai des difficultés à me rappeler son visage ou sa voix. C'est un comble (non je dirais que c'est dur) après l'avoir côtoyée tant d'années. Les souvenirs viennent le plus souvent d'un seul coup sans que je les cherche. Si je veux les faire ressortir, la plupart du temps il faut que je me concentre sur une situation.

Par contre, il y a des souvenirs que je ne veux pas garder : les regrets et les remords. Moins forts qu'au début, mais toujours un peu présents. Et le pire, ce sont les derniers instants passés ensembles : moi ne sachant pas quoi faire, à part lui tenir la main et l'appeler par son prénom, et elle, inconsciente perdant doucement son sang. J'ai longtemps été hanté par cette image et surtout par celle de ma main pleine de son sang.

Je sais pas pour vous, mais moi je trouves que la vie a beaucoup d'ironie. Sauf que sa ne me fait toujours pas rire. Ne sachant pas si Dieu existait ou pas, je l'ai quand même maudit à l'époque.

On dit que tant qu'il existe une personne qui pense à vous alors vous êtes toujours vivant.